Suivi de son compagnon licorne, Jean de Foucquère entra dans le bâtiment délabré. Il voulait en faire une école où chacun se sentirait chez lui. Depuis toujours, il avait eu cette ambition mais n’avait encore trouvé aucun endroit pour ce faire. Trop petit, trop neuf, trop, trop, trop. Il trouvait toujours une excuse pour ne pas acheter un lieu qui ne lui donnait pas de coup de foudre. Celui-ci, en revanche, attirait son attention. C’était grand, ça avait l’air ancien et avec une histoire passée, c’était magique… Mais dans un état chaotique. Un sourire illuminait néanmoins son visage et la licorne eut un petit rire de moquerie et de satisfaction à la fois. Il était heureux que le bâtiment plaise à Jean, mais il se demandait comment il allait tout remettre en état.

‘ Ne sois pas idiot, il doit bien y avoir des gens qui peuvent rénover cet endroit… Du moins j’espère.’

Il n’était pas difficile de voir que l’homme parlait à l’animal, car il ne prononçait mot et le regardait droit dans les yeux. Effectivement, trouver des personnes compétentes pour rénover ce lieu n’allait pas être une mince à faire. Mais voilà, il avait eut un coup de cœur et savait que c’était l’endroit dont il avait rêvé pour installer son école. Le terrain était énorme, de même que le bâtiment qui comportait assez de pièces que pour faire des classes en nombre suffisant et avoir des chambres où dormiraient trois ou quatre élèves. Sentant que le choix se faisait, le propriétaire se frotta les mains. Derrière lui se trouvait une panthère plus noire que la nuit, presque invisible dans l’ombre de son humain. Les deux hommes se firent face, l’un heureux d’acheter, l’autre de vendre.

« Je pense que nous allons l’acheter. »

« Vous m’en voyez ravi ! »

Pendant qu’ils parlaient chiffres et moyens de rénovation, les deux créatures se dévisageaient. Aucun des deux ne savait trop comment se sentir face à ce qu’il se passait. À vrai dire, ils ne s’en préoccupaient pas énormément. Chacun désirait que l’autre cesse de le regarder. La licorne, blanche et musclée, le museau frémissant et les sabots nacrés face à la panthère, noire et souple, les yeux brillants dans l’obscurité. La décision prise, Jean serra la main à celui qui venait de lui vendre le bâtiment et se tourna vers son compagnon. L’opportunité pour chacun de quitter l’autre des yeux. Avec un petit soupire de soulagement, Kishyan tourna la tête vers Jean.

‘Félicitation, monsieur le directeur.’

Leurs yeux à tous les deux brillaient de joie et de soulagement d’avoir enfin trouvé l’endroit idéal.

C’est ainsi que fut acquis le château de Khyssian University.

Jean appela plusieurs personnes pour trouver des ouvriers capables de rénover ce qui allait devenir son école. Aidé moralement par Kishyan, il y parvint et les travaux furent bientôt commencés. Pendant deux ans, les bruits furent incessants et les changements perpétuels. Jean désira que ce merveilleux endroit reste le plus possible comme il l’était à sa belle époque et cela compliqua un peu les choses. Le bâtiment datait d’une époque bien antérieure et certains des travailleurs trouvaient cela ridicule de vouloir faire reposer une nouvelle charpente comme elle était posée à l’époque. Mais, après de nombreuses discussions et un peu d’argent en plus dans les poches, les ouvriers se remirent à l’ouvrage.

Comme je vous l’ai dit, deux ans plus tard, le bâtiment est presque comme neuf et prêt à accueillir élèves et professeurs.

Voilà, c’est tout pour maintenant. La place pour vous est libre, entrez dans cette école et faites-la vivre comme en rêve le directeur, Jean de Foucquère et son compagnon Kishyan la licorne…